04-11-2019 : Les appareils hybrides résistent

L’étrange paradoxe

Alors que de plus en plus de gens prennent des photos, il se vend de moins en moins d'appareils photo... 110 millions d'appareils photo ont été écoulés en 2008 dans le monde et, dix ans plus tard, il ne s'en vend plus que... 20 millions, selon l'association de fabricants Cipa (Caméra & Imaging Products Association).

La faute aux smartphones, évidemment, qui ont connu des évolutions spectaculaires ces dernières années. Équipés de plusieurs optiques (macro, téléobjectif, ultra grand angle), dopés aux algorithmes et à l'intelligence artificielle, ils n'ont plus aucun mal à jouer avec la lumière et la profondeur de champ pour réaliser des portraits avec un flou en arrière-plan ou des prises de vues nocturnes comme si l'on était en plein jour. Et leur capacité de communication répond naturellement aux pratiques des réseaux sociaux. Pourquoi donc investir des milliers d'euros dans du matériel spécialisé - et encombrant - alors qu'on a sous la main un appareil à tout faire qui prend de magnifiques photos ?

Une question à laquelle devront répondre les grandes marques présentes au Salon de la photo, qui ouvre jeudi au Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris. Et pour laquelle on dispose déjà de quelques pistes.

« Tout dépend de l'usage, estime Jacques Hémon, expert du secteur et consultant pour le Salon de la photo. . Sur les smartphones, la photo est une commodité c'est un usage que j'appellerai l'inventaire du quotidien, caractérisé notamment par le partage d'images. Mais il y a aussi toute une frange d'amateurs qui considèrent la photo comme un loisir sérieux et un épanouissement personnel. Ils représentent un noyau dur de 15 % des adeptes. Ces passionnés cherchent un équipement performant ; ils sont prêts à faire des sacrifices pour aller plus loin et peuvent dépenser plusieurs milliers d'euros pour un téléobjectif. »

Le baromètre photo réalisé par Socio-vision observe que chaque semaine 51 % des amateurs de photos publient des images sur les réseaux sociaux, en majorité sur Instagram, mais aussi sur WhatsApp et Snapchat et, dans une moindre mesure, sur Pinterest. La plupart sont des photos de paysages ou de nature (31%), des clichés de famille ou d'amis (28%) et des selfies (19%). Une pratique qui s'appuie essentiellement sur le smartphone. Mais les passionnés, eux, prennent leur temps pour travailler le cadrage et l'éclairage, pour saisir l'instant privilégié digne d'être immortalisé. Le smartphone ne leur suffit pas. Ils sont en quête d'un équipement susceptible de leur offrir la meilleure qualité, préfèrent choisir leur objectif et agir sur les réglages manuels.

Ceux-là ont en partie opté pour des boîtiers reflex, qui représentent 23% des appareils photo vendus en France selon l'Afnum (Alliance française des industries du numérique). Mais de plus en plus d'entre eux se laissent séduire par les hybrides, plus légers que les reflex, conçus pour recevoir divers objectifs et gagnant chaque année en qualité (voir une sélection ci-dessous). Dix ans après leur apparition, ils rallient désormais tous les fabricants et totalisent 15 % des ventes. Leurs capteurs s'agrandissent (61 millions de pixels pour le Sony Alpha 7R Mark IV) à mesure que des astuces numériques améliorent la prise de

vue.

«À terme, les hybrides vont remplacer les reflex, pronostique Jacques Hémon. Ils sont capables d'analyser l'image en temps réel, sont dépourvus de pièces mécaniques coûteuses et fragiles et font davantage appel à l'électronique et aux algorithmes, notamment pour l'autofocus. »

Une large gamme d'hybrides

Vedettes de l'édition 2019 du Salon de la photo, les hybrides se déclinent dans une large gamme de produits, des plus abordables aux modèles sophistiqués équipés d'un capteur plein format ou moyen format.

Des constructeurs comme Canon ou Nikon, spécialistes des reflex, proposent désormais à leur catalogue des hybrides capables de prendre la relève. « Le marché a rapidement évolué et les consommateurs cherchent à alléger leur équipement, d'où notre offre d'hybrides, explique Nicolas Gillet, directeur marketing et communication de Nikon France. Nous proposons les deux types de boitiers pour élargir le choix avec un même niveau de performances. Le Nikon Z7 est le pendant en hybride de notre reflex D850, avec une ergonomie et une prise en main différentes. »

Étonnamment, il reste de la place pour les compacts, qu'on avait peut-être enterrés un peu vite. Plus de six appareils photo vendus sur dix appartiennent à cette catégorie. Leurs arguments : un prix raisonnable pour une bonne qualité d'image, mais aussi les performances remarquables de leur zoom optique (5X pour les Canon G5X

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